Du jour du repos au sabbat
« Le septième jour, Dieu mit un terme à son travail de création. Il se reposa de toute son activité le septième jour. Dieu bénit le septième jour et en fit un jour saint, parce que ce jour-là il se reposa de toute son activité, de tout ce qu’il avait créé » (Genèse 2,2-3).

Le jour du repos existe depuis la création du monde … à quelques jours près, littéralement. Son travail accompli, le Créateur de l’univers et de tous les êtres vivants s’accorda une pause pour se reposer, pour se réjouir. Il invita aussi l’humanité à faire de même dans son œuvre achevée. Ainsi, Adam et Ève commencèrent leur vie dans le repos et la liberté de Dieu !

Bien des années plus tard, alors que le peuple d’Israël devenait de plus en plus nombreux, le pharaon réduisit les Hébreux à l’esclavage en Égypte. Ils travaillaient sans doute sept jours sur sept. Après avoir libéré son peuple, Dieu lui donna les dix commandements comme des repères pour organiser sa vie de peuple libre. Au travers du quatrième commandement, il leur accordait aussi des temps de repos réguliers, des jours pour s’arrêter sans craindre les coups de fouet et sans mauvaise conscience. Si Dieu invite à respecter le sabbat, c’est parce qu’il s’est lui-même reposé (Exode 20.11) et qu’il a libéré le peuple de l’esclavage (Deutéronome 5,15) : « Tu te souviendras que tu as été esclave en Égypte et que l’Éternel, ton Dieu, t’en a fait sortir avec puissance et force. Voilà pourquoi l’Éternel, ton Dieu, t’a ordonné de respecter le jour du repos. » L’année sabbatique – un repos pour la terre ordonné par Dieu tous les sept ans – et l’année du jubilé – qui avait lieu toutes les sept fois sept ans et à l’occasion de laquelle les terres retournaient à leur propriétaire initial – montrent que Dieu avait encore des intentions plus élevées (Lévitique 25,1-24). 

Du sabbat au jour du Seigneur
En déclarant : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux prisonniers la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur » (Luc 4,18-19). Jésus-Christ a fait du sabbat une réalité spirituelle. Il a aussi annoncé que c’est auprès de lui que nous trouvons le vrai repos : « Venez à moi … et je vous donnerai du repos. » Il a enfin lutté contre une compréhension légaliste du jour du repos : «  Le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat » (Marc 2,27). En lui, le commandement devient une invitation à la liberté et au repos ! 

Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité le premier jour de la semaine, c’est-à-dire le jour suivant le sabbat, marquant le premier jour d’une nouvelle création. Ainsi, la jeune Église s’est mise à célébrer le jour du Seigneur comme une « mini Pâques » hebdomadaire. Cela se passait probablement le matin avant le travail. En effet, les païens n’avaient pas de jour de repos généralisé et c’est seulement en l’an 321 que l’empereur Constantin instaura le dimanche comme jour de repos pour tous. Le jour de repos officiel a connu des hauts et des bas au fil de l’Histoire et semble aujourd’hui mis sous pression. Alors, profitons de cette possibilité en voyant dans ce jour davantage qu’une journée sans travail !

S’arrêter et se reposer
De semaine en semaine, le jour du repos nous invite à nous arrêter. C’est le rythme de vie prévu par Dieu : 1 – 6 – 1… En marquant une pause, nous reconnaissons que nous ne sommes pas indispensables à la marche du monde. Le septième jour nous rappelle que Dieu a achevé la création et que nous pouvons nous reposer avec lui, même si notre ouvrage à nous n’est pas encore achevé. Jésus a tout accompli et chaque semaine, nous pouvons nous « entraîner » en vue du repos éternel dans lequel Dieu nous fait entrer (Hébreux 4,9-11). Ainsi, le jour du repos devient un avant-goût du ciel ! Qui refuserait pareille invitation ?

S’arrêter et rencontrer Dieu
Si nous faisons une pause, ce n’est pas seulement pour éviter le burn-out. Envisager le jour du repos sans regarder à Jésus-Christ, c’est passer à côté de l’essentiel. Ce n’est pas un jour pour prendre congé de Dieu, mais de nos tâches et de notre travail. Ainsi, nous avons davantage de temps pour prier et méditer la Bible que durant le reste de la semaine. Le jour du Seigneur est aussi l’occasion de se réunir avec d’autres chrétiens pour offrir un culte à Dieu. Le jour du repos est un moyen central par lequel la bonté, la grâce et la liberté divines inondent notre vie. Profitons-en !

S’arrêter avec conviction
Que vous dites-vous en lisant ces lignes ? Peut-être pensez-vous : « C’est bien beau, mais en pratique, ce n’est malheureusement pas si simple. » Vous avez raison, car si c’était facile, je n’aurais pas écrit cet article ! Cependant, le jour du repos est un cadeau précieux qu’il vaut la peine de célébrer et de protéger. Pas par des lois strictes et rigides, mais par une ferme conviction. Voici quelques pensées qui me sont utiles et le seront peut-être pour vous aussi :

• Je ne considère pas le jour du repos comme un commandement, mais comme une invitation.
• Ce n’est pas un luxe, mais une nécessité.
• L’œuvre du Seigneur est si urgente que nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas nous reposer. 
• Je peux me reposer de mon travail comme s’il était accompli.
• Ma valeur n’est pas réduite à néant parce que je n’accomplis rien ce jour-là, bien au contraire !
• Le but n’est pas de trouver le repos en moi, mais de me reposer en Dieu !
• Le jour du repos me rappelle que Jésus s’est exclamé sur la croix : « Tout est accompli ! »

Conseils pratiques

• Selon votre situation et votre métier, il n’est pas indispensable de célébrer le jour du repos le dimanche. Mais je vous conseille d’arrêter si possible un jour fixe plutôt que de définir votre jour de repos de semaine en semaine. Sans quoi vous risquez de ne jamais le prendre.
• Définissez un cadre, par exemple du samedi à 19 heures au dimanche à 19 heures. Vous pouvez même commencer le jour du Seigneur par un petit rituel festif.
• Déterminez aussi quelles sont les tâches que vous faites ce jour-là et lesquelles vous laissez de côté. Il n’est pas écrit : tu travailleras pendant six jours et le septième jour, tu rangeras. 
• Si votre charge de travail ne vous permet pas d’observer un jour de repos, elle est sans doute trop lourde.
• Comment votre corps récupère-t-il ? Le maçon a peut-être besoin de se reposer sur une chaise longue tandis que la graphiste a besoin de randonnées au grand air.
• Essayez si possible de fixer vos séances durant les jours de la semaine et non le week-end.
• Parfois, nous avons simplement besoin de passer un temps au calme avec Dieu, sans source de distraction, en forêt ou sur le sofa.
• Il est utile de mettre son portable sur mode avion pour que le repos ne soit pas interrompu par diverses notifications. Commencez par une période de deux heures, puis augmentez petit à petit la durée.
• Le jour du repos n’empêche pas de penser aux autres… 
• Comment puis-je faire preuve de compassion, comme Jésus ? Par exemple, certaines personnes sont encore plus seules ce jour-là que durant la semaine.
• Ma façon de vivre permet-elle aux autres de profiter aussi d’un jour de repos ? Est-ce que je pourrais par exemple inviter quelqu’un pour un repas ou une excursion, ou garder les enfants de quelqu’un ?
• Pour conclure : essayez, exercez-vous, corrigez le tir et n’abandonnez pas !

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